Et en guise de conclusion de ce compte-rendu des journées de réflexion des Mouvements Internationaux d’Action Catholique Spécialisée, voici les sept pistes de travail qui se sont dégagées à Bruxelles.

1.     Sortir de notre clandestinité

Puisque nous sommes convaincus de la pertinence de notre pédagogie et de notre spiritualité, il est urgent d’exprimer plus clairement et de manière plus déterminée nos savoir-faire. Notre lieu théologique est la vie de nos contemporains. Notre source est ce Jésus qui est venu pour que nous ayons tous la vie en plénitude. Au-delà d’être le levain dans la pâte, savoir dire ce que la démarche de révision de vie change pour nous et pour la vie de la société. Cette plus grande aptitude à être compris passe par un travail sur l’actualisation de la mise en œuvre des intuitions des MIACS, sur leur pédagogie, sur leur méthodologie, sur le langage aussi.

2.    Replacer notre démarche

Parties prenantes d’une société et d’une Eglise en crise, nous mesurons la chance de pouvoir en parler. En crise, comment ?

– Nous sommes confrontés à une radicalisation de nos analyses qui s’opposent à l’idéologie dominante du «prêt-à-penser». Mais actuellement, nous constatons une absence de philosophie et une absence d’alternative à l’économie libérale sauvage : cela ne nous aide pas à conceptualiser nos convictions issues de la connaissance de nos terrains. Nous constatons toutefois que, dans les organisations internationales par exemple, notre présence effective nous permet de dire une parole, d’être connus et reconnus, d’avoir, éventuellement, une certaine influence.

– Au plan théologique, il y a aussi carence et c’est un handicap pour la vitalité et l’expression de notre spiritualité. Au quotidien, les membres des MIACS sont imprégnés de ce qui fait la relation entre Dieu et les hommes. Cette conscience renforce nos responsabilités en ce domaine. Membres d’une Eglise en crise, qui ne sait pas bien où elle va dans des courants contraires, n’avons-nous pas à aider l’Eglise en lui rappelant que la pédagogie et la spiritualité de l’Action catholique sont la manière normale d’être chrétiens?

D’autre part, les rapports anthropologiques bousculent notre rapport à Dieu : nous voulons à la fois que le rapport à Dieu soit très incarné et qu’il nous conduise à une espérance, à un « au-delà ». Cela nous interroge sur le rapport foi/inculturation.

3.    Adapter notre langage

– savoir exprimer/traduire le contenu de notre analyse (état et vision du monde), les paroles et les actes des personnes appartenant à notre terrain, ce que nous comprenons des Ecritures à partir des événements de la vie et de notre relecture de la vie à la lumière des Ecritures,

– se débarrasser du jargon dans toute la mesure du possible ou expliciter le sens des mots employés.

4.    Réaffirmer notre spiritualité.

Articuler foi personnelle (je) / foi communautaire et ecclésiale (nous en Eglise), engagement au quotidien La révision de vie est un bon moyen pour le vivre. Les aumôniers ont une place importante en ce domaine.

5.    ….et l’identité de nos mouvements, leur crédibilité

Nous sommes des militants des MIACS engagés dans la société, et des croyants, avec des convictions et des doutes. Nous sommes fermement attachés à :

– un certain agir moral / éthique (valeurs humaines fondamentales par rapport à la corruption, au vol, etc.),

– une analyse pertinente de la société, dont nous faisons totalement partie, centrée sur la vie et l’action des gens, notre lieu théologique,

– la diversité et l’unicité de nos mouvements,

– l’ouverture à d’autres mouvements de la société civile ou à d’autres religions.

6.    Repenser les stratégies à mettre en oeuvre

Pour quels objectifs ? Avec qui ? Comment ?

Notre terrain, nos acquis ; sur quoi nous sommes compétents ?

Notre capacité d’ouverture, nos alliés, pour quelle cause ? quels moyens humains, organisationnels et financiers ?

7.    Gérer la mémoire

Il nous faut retranscrire la mémoire encore active d’anciens de nos mouvements. Il nous faut prendre les moyens de se rappeler et de transmettre les expériences et les acquis de nos mouvements et des personnes qui les composent pour assurer la continuité de la mission, par la formation, en donnant place à des témoins, en actualisant la transmission de cette mémoire de manière régulière.