Le MEIC, Mouvement italien membre de Pax Romana Miic, réuni au monastère de Camaldoli (Toscane) pour sa session annuelle, s’est demandé par un exercice d’écoute et de dialogue, comment imaginer et mettre en œuvre des formes de participation dans la société et au sein de la communauté chrétienne.

Démocratie

     Nous sommes très préoccupés par ce moment de l’histoire, qui se caractérise par une crise des formes démocratiques de participation et de gouvernance et, plus profondément, des principes mêmes de la démocratie.

L’idée prédomine que gouverner, c’est mettre en conflit des intérêts opposés, en exaspérant plutôt qu’en guérissant les divisions sociales : entre Italiens et étrangers, entre Nord et Sud, entre pauvres et riches, entre jeunes et vieux, entre ceux qui ont des garanties et ceux qui n’en n’ont pas, entre besoins nationaux et responsabilités européennes…. Nous sommes conscients, qu’en tant qu’hommes et femmes ayant à cœur la vie civile et démocratique, nous avons notre part de responsabilité pour n’avoir pas toujours saisi l’ampleur de ce processus de dégradation de la démocratie.  En tant que chrétiens et citoyens, nous considérons donc qu’il est urgent :
– de redécouvrir ces valeurs et cette passion civile qui ont inspiré l’époque de la construction démocratique du pays où on a su associer une vision politique du bien commun et des compétences ;
– de participer de nouveau activement au débat social et politique, convaincu que c’est dans la confrontation entre les différents points de vue et dans la recherche d’une médiation adéquate, que se construit une communauté civile solidaire et ouverte sur l’avenir ;
– s’engager à construire des itinéraires de formation politique, en relançant le projet européen au niveau populaire et institutionnel pour une cohabitation inclusive, basée sur la solidarité, dans le contexte d’une économie sociale de marché ;
– collaborer avec d’autres associations et lancer des initiatives d’études pour relever les défis globaux de notre temps, comme le divorce entre la vérité et la communication, la séparation entre la finance et l’économie réelle, pour la recherche de solutions possibles et la promotion de bonnes pratiques au niveau local (comme l’a également suggéré le Pape François dans Laudato Si’) ;
– promouvoir l’introduction de nouvelles formes de participation au système de démocratie représentative afin d’informer, de discuter et de délibérer sur des questions clés.

Synodalite

La synodallité est une dimension constitutive de l’Église, qui doit encore se réaliser dans la vie ordinaire de nos communautés. En tant que chrétiens, nous considérons donc qu’il est urgent :
– en créant des réseaux de relations, de contribuer au développement d’un modèle de l’Église synodale qui reconnaît et valorise les charismes de chacun ;
– initier une réflexion sur le rôle des laïcs dans les processus de prise de décision de l’Église, à partir du niveau paroissial, en valorisant les compétences de chacun dans un principe de coresponsabilité et d’égale dignité ;
– contribuer au dialogue fraternel entre les Eglises chrétiennes, en favorisant l’échange de bonnes pratiques et l’expérimentation de formes de synodalité ;
– d’avoir des parcours de formation à la synodalité communs pour les laïcs et les prêtres ;
– promouvoir le discernement communautaire en matière ecclésiale et civile, et exercer la coresponsabilité dans la décision, l’exécution et la vérification des choix effectués.

Traduit de ll’italien par Philippe Ledouble