LE CHEMIN VERS L’HARMONIE ENTRE L’ÉCONOMIE ET ​​L’ÉCOLOGIE : UN DÉFI CULTUREL

Dans l’environement splendide de Procida, la Capitale italienne de la Culture, le MEIC a organisé une conférence nationale, accueillie par la Région Campanie portant le thème: « Le chemin vers l’harmonie entre l’économie et l’écologie : un défi culturel ».

La conviction de la relation intime entre la crise écologique et sociale, nous pousse à relever ce défi culturel, avec l’intention de vouloir enquêter sur les catégories de luxe, Éthique, Économie et Soins, “subversivement” réinterprétées comme un chemin “pulchritudinis” (beauté) pour la foi et les humains. La crise environnementale de la planète est désormais de plus en plus évidente. Pour la première fois, l’ère de l’Anthropocène est claire : les hommes exercent une influence si marquée et si étendue qu’elle détruise l’équilibre écologique de la planète. C’est donc à cause de ces raisons urgentes qu’on veut affirmer qu’on a besoin d’une démarche écologique sérieuse qui devrait être une démarche sociale, capable d’écouter le cri de la terre comme celui des pauvres. Il existe en effet une relation intime entre les crises écologiques et sociales. Et le bien commun est un aspect indissociable d’une écologie intégrale, qui peut être favorisée et garantie par “une nouvelle économie plus attentive aux principes éthiques“, capable de se pencher sur la qualité de vie réelle des personnes.

Le MEIC a voulu poursuivre l’ analyse sur le vecteur de la beauté entendu comme antidote à la banalité, parmi les grands maux de notre temps, pour que les hommes sachent se reconnaître et surmonter la logique de possession et de domination.

Il y a trois rapports  « La beauté d’une subversion éthique pour une économie solidaire » ; « De la contemplation au soin de la maison commune : un regard qui devient une action » ; « Une économie durable et inclusive. Nouveaux modèles économiques »

A notre époque, le luxe est réapparu avec force, Prof. Foglizzo a déclaré lors du premier jour de la conference. Cependant, il est considéré comme une force motrice pour le développement et l’économie. Il s’agit donc d’un moyen, et non d’une fin, pour atteindre ce qui s’affirme comme la valeur suprême de notre société: le profit. Le luxe se concentre sur les affaires, à gagner. L’avantage lui-même n’est pas le problème, mais plutôt ce que l’on est prêt à faire pour gagner l’avantage. Si le luxe n’est qu’un instrument, et si jamais un autre moyen alternatif au profit, a été trouvé, cela pourrait signifier que le luxe devient consommable et donc négociable. Le plus grave encore est la logique d’approche de la biodiversité, qui est le luxe lui-même. Mais au lieu de cela, ils sont considérés comme une réserve de ressources économiques qui pourraient être exploitées. C’est pourquoi la valeur réelle des choses n’est pas prise en compte car le profit occulte la valeur.

Ce n’est pas la considération utilitaire qui est fausse selon No. 32 du L.S.

Il est juste de considérer l’attraction à la beaute comme une ressource, mais elle ne peut pas être la seule. Sinon, nous ferons face à une forme de réductionnisme qui trahit la richesse de la réalité promouvant la polysémie niant la possibilité de voir les choses de manières différentes , dans des relations différentes. Et la perte de cette biodiversité coupe non seulement la relation entre les différentes espèces, mais aussi la relation avec Dieu. Ce problème est vu dans un réseau complexe de relations, que les deux moteurs de notre monde contemporain, la finance et la la technologie, ne peuvent pas voir.

En pensant que l’on peut tout réduire à un seul, grâce à la recherche de produits, on finit par résoudre un problème et crée d’autres. Là est la racine du problème avec lequel nous nous débattons : le paradigme technocratique, avec la manière dont l’humanité a assumé la technologie et son développement avec un paradigme homogène et unidimensionnel qui efface toute pluralité et polysémie. La nature a, en revanche, son propre sens, ses propres lois, qui méritent d’être respectées. La réalité n’est pas uniforme et totalement manipulable, comme la règle du droit romain sur la propriété dit: “jus utendi et abutendi”, c’est-à-dire, le propriétaire peut faire ce qu’il veut, y compris détruire son bien, car il estime qu’il est totalement ouvert à la manipulation. Ce style trompeur d’interprétation du monde et de l’être humain ouvre la porte à la culture du ‘jetable’, puisqu’il laisse place à une manière d’appréhender l’être humain en tant que bien de consommation pouvant ensuite être jeté. Exactement l’exode ! Ceci explique comment le manque d’éthique dans l’économie et, plus encore, dans la finance, représente dans l’encyclique le point extrême où cette dynamique de domination et d’extraction de profit devient évidente, le point extrême de contagion. Même si aujourd’hui vous n’êtes plus totalement déséquilibrés sur la dimension spéculative de la richesse virtuelle, cela ne signifie pas pour autant que le monde des produits dérivés et du capitalisme de casino est révolu. Parallèlement à cela, insiste Foglizzo, il y a des signes positifs, non pas à cause du bon cœur des hommes d’affaires mais à cause du cours des choses à notre époque : l’investisseur avisé qui veut préserver sa propre valeur dans le temps, vise aujourd’hui à investir dans des entreprises ne s’occupant plus des énergies fossiles. Il est devenu un véritable moteur d’une transition du soutien au financement des énergies fossiles vers les énergies alternatives, par ceux qui ont des responsabilités claires dans le monde de l’économie réelle et qui s’inquiètent du long terme. Cela n’est pas dû à de bon coeur mais uniquement parce que “ce n’est pas tendance/commode”. Ce n’est pas un hasard, soutient le Pape, si la dégradation de l’environnement est liée à la dégradation de l’éthique, et aussi à la Beauté, car la dégradation de l’environnement est une forme de déni et de destruction de la Beauté.

Et l’orateur trouve subversif un Pape à qui même la Communauté européenne d’ordinaire peu tendre envers l’Église, a tenté de décerner un prix pour le courage de promouvoir des modèles économiques plus inclusifs; de passer d’une économie qui vise le revenu et le profit à une économie sociale qui investit dans les personnes en créant des emplois et des qualifications. Un concept fondamental construit par le Pape est celui d’écologie économique, qui est précisément le contrepoids du paradigme technocratique allié au profit car l’écologie économique est capable de nous amener à considérer la réalité de manière plus large ; si le réductionnisme est réduit, l’écologie économique est élargie, exactement ce dont nous avons besoin.

En d’autres termes, de nouveaux modèles de progrès : il faut changer le modèle de développement global. Ce qui implique une réflexion responsable sur le sens de l’économie et ses finalités. La Beauté de la nature, comme celle de l’art, est libre, traverse la réalité et nous emmène au-delà, avec le discernement des signes des temps et l’importance de la contemplation.

Enfin, la dernière étape “subversive” est l’impulsion pour transférer le travail du paradigme de l’exploitation, qu’il s’agisse de l’exploitation des travailleurs ou de l’exploitation de l’environnemen.  En redécouvrant que le travail est lié entre les personnes et en relation avec l’ environnement et qu’aucune relation ne peut exister si les soins ne sont pas pratiqués.

Le samedi matin de la session, le Pr Muggianu ouvre la réflexion sur le sens et l’importance de la limite. Concept que nous rejetons, car à notre sens c’est diminutif, la limite nous apparaît comme une soustraction, comme quelque chose qui manque. En réalité, de manière plus simple, la limite est essentielle pour nous positionner : pour être quelque chose il faut que nous ne soyons pas autre chose. Le contexte de culture globale dans lequel nous nous trouvons nous pousse à considérer que la limite n’existe pas, ou en tout cas l’évite, la rejette. Cette approche est très intéressante : elle détermine le rejet comme quelque chose qui ne nous intéresse pas. Pourtant, au contraire, nous nous intéressons aux déchets, car c’est l’élément avec lequel nous violons la planète. Et nous en venons à dire que la relation entre l’écologie et l’économie est une relation difficile et pesante; il semble y avoir un décalage fondamental entre le développement économique et écologique. Cependant, la racine est commune, le noyau social substantiel pour les deux, la capacité de réflexion et d’expression de l’homme, le foyer. Après tout, nous sommes tellement interconnectés qu’il ne nous est plus donné de laisser place aux subtilités linguistiques, mais même changer de regard, de perspective, ne suffit pas, il faut une vraie et juste conversion du cœur. La conversion qui doit être désirée, doit être recherchée.

Les catastrophes naturelles qui ont touché le pays ces derniers mois, nous plaçent devant un cycle saisonnier qui n’est plus régulé, selon le prof. Muggianu, précise que “nous devons regarder ces choses pour prendre douloureusement conscience de transformer ce qui se passe dans le monde en souffrance personnelle ainsi que pour reconnaître la contribution que chacun pourra apporter” (L.S.19). Sans l’implication du cœur, de notre dimension affective, nous ne pouvons apporter notre propre contribution. Nous avons maltraité la planète comme si tout était inépuisable. Nous avons pollué tous les éléments fondamentaux : air, eau, terre, ciel.

Dans telle situation, de maniere proportionnelle inverse, ceux qui polluent exploitent plus et subissent moins les effets du changement climatique; et inversement, les degats sont enormes du coté des populations les plus vulnérables, là ou l’écart de pauvreté se creuse. Et la dette écologique est générée qu’en réalité les pays riches ne paient pas comme il faut. La dette écologique conduit à des inégalités épouvantables : on accorde une importance démesurée à la dette financière qui existe entre les pays et on ignore totalement la dette écologique causée par les dégâts causés par les pays riches. Tout cela entraîne également une pollution sociale.

Face à tout cela, le néologisme de la transition écologique se crée et insiste sur la modification du domaine de la technologie, si profonde qu’elle a également produit une mutation anthropologique de la vision écologique. En d’autres termes, l’objet du discours est immergé dans un simple processus de reconversion technologique moins polluant.

Pour revenir au plan incliné dans lequel nous nous trouvons à contre-courant, il faudra un changement d’époque qui puisse laisser place à l’écoute et à l’écoute bienveillante. Un concept de soin, si essentiel à la vie humaine qu’il peut remettre en question la structure normative même sur laquelle repose notre société et, par conséquent, remodeler ses institutions. Ouverture à la nécessité d’une nouvelle solidarité qui représente la réponse concrète à l’interdépendance des problèmes ; à la promotion d’une éthique du changement qui sait construire une véritable renaissance sociale. Bref, une reconversion qui sait bouleverser les mentalités et le regard.

Tout est lié, tout est lié est l’un des piliers de Laudati Sì.

La vision multiforme et interdisciplinaire avec laquelle se lisent la défense des écosystèmes, la préservation de la biodiversité et la gestion des biens communs mondiaux, ne peut être dissociée des questions de politique, d’économie, de migration et de relations sociales. La culture du soin, contrairement à celle du déchet, suppose la centralité de la personne humaine.

La troisième et dernière intervention a été celle de l’homme d’affaires Piccolo de Turin. Son témoignage se est articulé sur la réalisation du travail quotidien avec ses employés.  Il a dit que tout est concentré dans les gains, toutes les indications entendues dans les presentations qui l’ont précédé. La nécessité de se soucier avant tout des employés, de l’environnement à travers une attention sérieuse au recyclage presque total des déchets, aux besoins des plus défavorisés, à la fois en collaborant avec des associations du secteur tertiaire. Dans la ville de Turin comme en Afrique où, avec un contrat de collaboration, les associations aident un groupe de femmes à s’émanciper dans le secteur des cosmétiques, à les produire et à fournir du beurre de karité à l’entreprise turinoise pour la réalisation de leurs produits. En un mot : « c’est faisable ». Il peut être produit de manière éthique, en gagnant juste ce qu’il faut, tout en faisant notre part pour protéger la planète.

La beauté, en plus de la décliner en termes théoriques, doit aussi être vécue. Un concert et une visite des merveilleux lieux d’accueil ont préparé le terrain pour la Conférence.

Rosaria Capone

MEIC Italie