La globalisation de l’indifférence est une traduction des défis actuels du monde tels que le perçoit le pape François dans l’Exhortation apostolique Evangelli Gaudium  qui décrit ces sentiments permanents de peur, de crainte, de désespoir, de précarité, d’irrespect, d’injustice, de marginalisation, d’attentisme, de révolte et même d’insatisfaction  qui habitent les hommes et les femmes de notre temps. C’est vrai, elle se traduit selon les contextes et les régions du monde de différentes manières.

Nous parlions en 2014 au moment où nous échangions sur la crise de l’engagement communautaire en Afrique et en République Démocratique du Congo en particulier, des défis de la conception et de l’exercice du pouvoir, des défis de la gestion, de la production, de la distribution, de la répartition  de l’avoir, et particulièrement nos rapports avec l’argent, mais aussi nous parlions des défis du valoir, des défis culturels liés à notre système de valeurs. Aujourd’hui, dans quel système culturel vivons-nous ? C’est un système où les plus forts écrasent les plus faibles ; les grands éloignent les petits ; les riches dépouillent les pauvres.

La globalisation de l’indifférence est une question identitaire dans la mesure où elle s’appuie sur l’exclusion. La première exclusion à observer dans notre vie  est l’exclusion de Dieu. « Les justes lui répondront : Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim et t‘avons-nous  donné à manger ; ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger et t’avons-nous recueilli ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes nous allés vers toi ? Et le roi leur répondra : je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites…..Et il leur répondra : je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne les avez pas faites. (Matthieu 25, 35-45) Nos intérêts ne semblent plus coïncider avec ceux de l’Eternel, ceux des autres. « Que chacun de vous au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres » (Philippiens 2,4).  Il nous a donc paru important de promouvoir la culture de l’Amour, de la Foi et de l’Esperance. Il est question de proposer une alternative à cet individualisme, cet égoïsme, cet égocentrisme et ce narcissisme qui caractérisent un grand nombre d’hommes et de femmes de notre époque, un grand nombre de communauté, de nation et d’Etat. S’identifier à l’Eglise et à l’Eternel Dieu ne devrait plus être honteux ou socialement incorrect dans la mesure où cela devient utile pour retrouver les fondements d’une action durable et  féconde, source de vie, de joie, de paix, de justice et d’amour.

La réponse pour nous, c’est cette responsabilisation des intellectuels et professionnels catholiques en République Démocratique du Congo par rapport à la vie de l’Eglise et de la Nation. Nous devons briser cet anonymat qui favorise l’attentisme dans les domaines politique, économique, social et culturel, qui amène certains chrétiens à se cacher ou à cacher des fléaux qui couvent dans notre société et qui risquent de nous conduire inéluctablement à cette deshumanisation contre laquelle le pape François nous met en garde.