par Ramon Sugranyes de Franch, anclen président

Il y a quarante ans que le MIIC existe et, Dieu merci, il ne semble pas près de sa dissolution. Pour un des – hélas, trop rares – survivants de la génération des fondateurs, dont je suis, cet quarantième anniversaire est avant tout un motif de joie et de reconnaissance.  Mais je le vois aussi et surtout comme une incitation à repenser, à la lumière de la réalité actuelle, ce que fut l’intuition initiale du Mouvement et ce qu’il est devenu après quarante ans – fidèle, je le dis tout de suite, – à sa vocation dans l’Eglise et dans le monde, évoluant, au gré des besoins, dans la continuité.

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Fondé en 1947, le MIIC n’est pas né par génération spontanée. II y eut d’abord Pax Romana. Un nom et une devise que vingt-cinq ans de labeur acharné parmi les étudiants avaient fait connaître un peu partout dans le monde. Puis, ii y eut la guerre et de 1939 à 1945 les activités  internationales se paralysèrent. En 1946, les responsables de l’organisation des étudiants catholiques fondée en 1921, étaient loin de leurs années d’études. Une nouvelle génération désirait en rajeunir les cadres, alors que les “anciens”, nourris de l’idéal de Pax Romana – de la communauté universitaire internationale -, ne se résignent pas à quitter, à se disperser. Le chemin était ainsi tracé et lors du xxe Congrès de Pax Romana, qui en septembre 1946 fêtait à Fribourg le vingt-cinquième anniversaire de sa fondation et la reprise des activités après la guerre, la décision fut prise de créer une nouvelle organisation: sous le nom général de Pax Romana, existerait désormais un double mouvement, celui des étudiants (MIEC), suite de l’ancienne Pax Romana, et celui nouveau, des “intellectuels” ou diplômes (MIIC). On ne les a pas appelés associations (pour les vieux, cela aurait pu faire penser à une “amicale des anciens”) ni même confédérations (comme dans les statuts de 1925), mais Mouvements, en affirmant ainsi que la dynamique de l’engagement compte davantage que les structures.

Cetta décision porte la date du 30 août 1946. Elle s’est largement inspirée de l’exemple italien: là aussi, suite à la FUCI (Federazione universitaria cattolica italiana). l’initiative d’un groupe de laïcs, animés par un prêtre promis à de hautes destinées, Mgr Montini, avait mis sur pied, récemment, un Movimento Laureati pour promouvoir l’apostolat intellectuel parmi les diplômes d’université.

En quelques mois, étudiants et intellectuels de Pax Romana preparèrent leurs nouveaux statuts. approuvés à Rome, sous le soleil de l’octave de la Résurrection de 1947, par les assemblées distinctes. Puis, ils se retrouvèrent ensemble au palais de la Chancellerie apostolique, le 12 avril, pour adopter le statut commun qui relie les deux Mouvements sous la devise de Pax Romana.

Ces dates — 1946-47 — sent hautement significatives d’un autre point de vue. Pendant les années pleines de promesses et annonciatrices de grands changements qui ont suivi la fin de la guerre mondiale, il s’est produit à l’intérieur de l’Église un évènement d’une portée considérable: le rôle et la mission du laïcat ont été, enfin, pleinement reconnus par la doctrine et par le magistère. Le pape Pie XII, s’adressant le 17 mars 1946 aux cardinaux qu’il venait de créer en ce lendemain de guerre, leur disait: Les fidѐles et plus particuliѐrement les laïcs se trouvent aux premières lignes de la vie de l’Église: par eux l’Église est le principe vital de la société humaine. Ils doivent par conséquent, avoir une conscience chaque fois plus claire non seulement d’appartenir à l’Eglise, (…) mais d’être l’Eglise. Le sens ecclésial profond du grand Pontife interprétait ainsi un des “signes des temps” essentiels pour comprendre la vie religieuse de notre siѐcle: l’élan apostolique du laïcat, contrepartie providentielle de la sécularisation. Les vingts ans d’Action Catholique, chѐre au pape Pie XI, ne sont certes pas sans Influence sur ce mouvement. Avec une sympathie profonde envers la communauté des hommes, avec une sorte de réalisme sociologique et un véritable respect envers les biens propres du “monde”, les laïcs se sont sentis “peuple de Dieu” et ont prise conscience de leur responsabilité d’être — ainsi que le Pape le rappelait — les agents du “principe vital de la communauté humaine”. Témoin fondamental de cette “découverte”, sur le plan doctrinal, est le livre du père Yves M.J. Congar, O.P., Jalons pour une théologie du laïcat (1), daté du mois décembre 1951. Témoins vivants de cette prise de conscience de la part des laïcs, que Pie XII appelait de ses voeux, le millier de personnes qui ont pris part à Rome au Premier Congrès mondial pour l’apostolat des laïcs, du 7 au 14 octobre de la même année (2). Ainsi, à partir de 1946, la “montée” du  laïcat  n’a cessé  de  s’affirmer — dans la fidélité à l’essence hiérarchique de l’Eglise -,  jusqu’à la consécration définitive que lui a donné  le Concile Vatican II, pour la première fois dans l’histoire.

Ce n’est pas tout. Le texte prophétique de Pie XII que j’ai cité conclut comme suit: C’est pourquoi, depuis les premiers temps de l’Eglise, les fidèles, avec le consentement de leurs évêques, se sont unis dans des associations particulières concernant les plus diverses manifestations de la vie. Un autre aspect de la montée du laïcat était ainsi solennellement reconnu par la doctrine pontificale: l’association des fidèles, à l’intérieur de l’Eglise, dans les buts les plus variés, est désormais proclamée non seulement comme un fait, mais comme un droit (3). Ce qui revient à leur en laisser l’initiative et à confirmer la force de convocation que des organisations locales peuvent avoir au service de l’apostolat.

Un degré de plus a été franchi lorsque ces associations sont passées du niveau local, “avec le consentement de leurs évêques”, au niveau international. Dans notre époque — disait Mgr Montini lors d’une réunion préparatoire au premier Congrès mondial pour  l’apostolat  de laïcs — toute activité humaine revêt une portée internationale et il faut qu’il en soit de même pour l’apostolat des laïcs. Or, constituer une organisation internationale signifiait déborder nécessairement le cadre des structures hiérarchiques diocésaines. D’où l’accueil suspicieux que de tels projets ont reçu de prime abord dans la curie romaine. La réponse d’un haut prélat à ceux que se proposaient de créer une “internationale” catholique est demeurée fameuse: — Ma, l’internazionale siamo noi… En dépit de quoi, le lendemain de la première guerre mondiale a vu la naissance de plusieurs organisations internationales catholiques (O.I.C.). de Pax Romana à la J.O.C., tandis que dans le deuxiéme après-guerre, entre 1946 et 1954, sont nées presque toutes les autres, jusqu’au nombre d’une trentaine. C’était le temps où le monde occidental vivait dans l’euphorie de la paix retrouvée, sous l’égide des Nations-Unies, pendant les meilleures années du pontificat de Pie XII, alors que Monseigneur Giovanni Battista Montini était son plus proche collaborateur. L’appui que Pax Romana a rencontré auprès de lui était total: en quelques heures, pendant que nous étions encore réunis à Rome, la Secrétairerie d’Etat de Pie XII a approuvé les nouveaux statuts du MIIC et du MIEC et a nommé Monseigneur François Charrière, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, assistant ecclésiastique général pour les deux Mouvements.

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Tels sont les présupposés historiques qui ont présidé à la fondation du MIIC: d’une part, Pax Romana, c’est-à-dire l’expérience d’une présence catholique dans la vie universitaire; d’autre part, un essai nouveau, celui d’un mouvement d’apostolat ayant pour but de stimuler, au sein de l’Eglise, la responsabilité des hommes de pensée. Le tout dans une perspective internationale, voire, désormais, mondiale.

D’emblée, le MIIC a été conçu comme un mouvement. Mais de qui? Ces “intellectuels” qui figurent dans le titre, qui sont-ils? II ne s’agit pas seulement des savants. ni des écrivains, ni même des professeurs d’université. intellectuels sent tous ceux qui exercent une profession dont le propre est de mettre à contribution essentiellement l’intellect, soit dans une activité créatrice de biens de culture, soit dans une fonction de discernement dans la prestation de services. Pour des chrétiens, cela veut dire qu’ils adhèrent vitalement à la connaissance intellectuelle du vrai et du bien. Ou, dans la définition lapidaire d’Etienne Gilson, il s’agit des esprits qui mettent l’intelligence au service de Dieu (4). En règle générale,  les intellectuels ont appris sur les bancs des universités “un vaste complexe de connaissances diverses et précises”, mais, surtout, ils ont acquis cette “capacité de savoir par eux-mêmes”, dont Pie XII faisait découler toute notre responsabilité (5). C’est à eux que le MIIC s’adresse.

Et c’est pourquoi à la “recherche de solutions, à la lumière des principes chrétiens, dès problèmes que pose le monde moderne” s’est ajouté, dès l’origine, dans l’énumération des objectifs du Mouvement, “l’approfondissement, selon les données de la foi et de la morale catholiques, des problèmes, notamment humains et sociaux, propres aux différentes professions – artistiques, littéraires ou scientifiques” (Statuts du MIIC de 1947, art.3). La recherche intellectuelle que le Mouvement s’est proposé d’accomplir n’est donc pas purement spéculative. Mais pratique. S’il s’est mis à l’étude de quelques unes des questions que le monde pose à la conscience chrétienne, c’est en vue de leur donner une solution réaliste et valable pour améliorer le sort des êtres humaines. Et s’il s’est penché sur la situation des professionnels universitaires c’est dans la perspective de leur responsabilité morale: il faut qu’une déontologie préside à l’exercice de chaque profession, qu’une cohérence soit maintenue entre le niveau de conscience chrétienne et l’engagement de chaque professionnel au service des hommes, ses frères.

Pourtant, au début des années 50, le problème théorique des relations entre la science et la foi, était au centre de nos préoccupations. Nous essayions ainsi de répondre à la souci lancinant du pape Pie XII: “faire cesser le pernicieux divorce actuel de la science et de la foi “: en ce temps-là, le “scientisme” n’avait encore rien perdu de sa vigueur, même si les existentialismes de Heidegger ou de Sartre le battaient en brèche. Une ambition nous habitait, dont je saisis maintenant la démesure: “faire la somme chrétienne du monde qui s’élabore” (6). Pie XII lui-même nous poussait dans cette voie lorsqu’il écrivait au XXIe Congrѐs mondial de Pax Romana à Amsterdam, en 1950:

Oui, soyez partout présents à la pointe du combat de l’intelligence, a l’heure où celle-ci s’efforce d’envisager les problèmes de l’homme et de la nature aux dimensions nouvelles où ils se posent désormais. Nul, sans doute, ne se dissimule les écueils particuliers qui guettent aujourd’hui l’esprit humain du fait de l’ampleur des questions soulevées; et pourtant les fils de l’Eglise pourraient-ils délaisser la recherche et la réflexion, quand précisément les applications désordonnées de la science et les prestiges du relativisme philosophique ébranlent, en des esprits fragiles et inquiets, les principes les plus fondamentaux et les valeurs plus essentielles? (7)

N’était-ce pas trop présumer de nos forces? Nous connaissions en tout cas l’insuffisance de nos moyens. Mais la mission qui nous était confiée était exaltante. Et, avec pleine conscience de l’humilité extrême de tout effort humain lorsqu’il veut servir le royaume de Dieu, nous avons essayé de faire de notre mieux.

 Cette même ambition, pour ainsi dire encyclopédique, humaniste, en somme, a inspiré, pendant cinq ans, la plus folle entreprise de Pax Romana: publier tous les deux mois un numéro de notre revue Scrinium, Elenchus bibliographicus universalis; de 1950 à 1955. Dans ce bulletin, nous désirions offrir à nos membres et amis un choix de livres importants, de toutes les disciplines et de tous les pays, apte à intéresser un public intellectuel très large. Notre but était de fournir aux hommes de profession intellectuelle un instrument de travail qui leur permît de suivre aisément la production courante dans les domaines autres que celui de leur propre spécialité, en donnant en même temps un bref jugement critique, du point de vue chrétien, sur les principaux ouvrages. Techniquement, la revue était au point. Mais pour des raisons financières évidentes il nous fallut assez vite déchanter…

La problématique de ce que nous devons bien appeler l’apostolat intellectuel se présente, au bout de quarante ans, sous de tout autres perspectives. D’une part, les hommes de science savent aujourd’hui très bien que, en progressant sans bornes, leurs disciplines-physiques, Chimiques, biologiques – ont fini par perdre l’orgueilleux monopole de la vérité: chaque conquête de la science en amène d’autres et s’ouvre sur de nouvelles inconnues. Tout vrai scientifique est ainsi placé devant un infiní de questions qui n’ont pas de réponse en dehors de la foi. La science, par son propre effort, tend vers le concept de Dieu. Mais entraînée par ses découvertes éblouissantes, se heurte à des limites éthiques. Le véritable conflit est moins, désormais, entre la science et la foi qu’entre la science et la morale. Ce que notre Mouvement a bien mis en relief dans sa rencontre européenne de Rome, du II au 14 septembre 1982 (8). D’autre part, la situation du monde actuel devient si angoissante dans l’ordre social qu’il est impossible à une conscience chrétienne de demeurer dans une quelconque tour d’ivoire: la pauvreté et même la faim, l’oppression et les violences de toute sorte, la course aux armements, l’endettement du tiers-monde, le chômage, la drogue et la criminalité parmi les jeunes, sont autant d’interactions de cause à effet qui dessinent la carte réelle du monde où nous vivons et qui s’imposent à notre réflexion. Sans rien renier de ce qui a été — et de ce qui doit être –  notre action d’ordre intellectuel, il est évident que le MIIC doit renouveler sans cesse sa lecture des besoins du monde et des responsabilités qui en découlent pour les intellectuels chrétiens (9). Alors que le Concile Vatican II nous a appris à regarder avec d’autres yeux l’insertion des chrétiens dans la vie temporelle – fût-elle d’ordre scientifique.

Nous n’avons pas attendu, d’ailleurs, la crise actuelle pour découvrir les “problèmes du monde”. lls figuraient déjà dans les statuts du MIIC de 1947. Et n’est-ce pas notre Mouvement la première ONG qui à mis  son ordre du jour les aspects moraux  et sociaux du problème de la population, ainsi que les problèmes humains posés par l’énergie nucléaire? II le fit lors de rencontres d’études, en 1953 à Venise et en 1955 à Louvain, respectivement, lorsque l’opinion publique commençait à peine à s’intéresser à de telles questions.

Est-il besoin d’insister sur le rôle de pionniers qui a été le nôtre en abordant ces points conflictuels, devenus ensuite du domaine commun – et passionnel-chez les jeunes des années soixante-dix?

Dans les années qui ont suivi immédiatement, le MIIC a commencé son implantation en Afrique. Et ils sont nombreux les pays de ce continent où les premiers laïcs qui ont pris conscience de leur responsabilité sociale ont été les jeunes diplômés d’université formés dans le giron de Pax Romana. Et puis, lorsque les Nations-Unies lançaient aux quatre vents la première décennie du développement, c’est encore le MIIC qui, dans son assemblée plénière de Bombay, en 1964, a mis à l’étude les “problèmes humains du développement économique”. C’est probablement dans cette rencontre, bien avant Populorum progressio, que le Père Alain Birou, o.p., a parlé pour la première fois d’une “théologie du développement” (9 bis).

J’ai trouvé dans une parole du Père L.J. Lebret, O.P., inspiratrice comme toutes les siennes, prononcée déjà en 1948, la meilleure expression de l’esprit qui nous animait alors et que nous voudrions avoir toujours pour guide de noire action:

II est probable que jamais le monde ne s’était présenté aux chrétiens avec un pareil besoin de leur concours intelligent et de leur don plénier. Qu’ils cessent de bouder et de s’abstenir; qu’ils soient résolument tendus en avant; qu’ils ne se contentent pas de se retrouver entre eux et d’imposer, quand ils le peuvent, leurs solutions; qu’ils se sentent près de toutes les angoisses et de toutes les recherches humaines; qu’ils soient avec tous ceux qui veulent sincèrement et objectivement le bien; qu’ils s’associent au lieu de vouloir dominer; qu’ils s’engagent en avant-garde pour la libération humaine et la mise en place des structures exigées par l’évolution des techniques et des idéologies et par les conditions nouvelles de la vie…

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Un autre aspect, essentiel, de l’idée germinale du MIIC est sa visée universelle. Pax Romana, comme l’Eglise elle-même, a toujours cherché à s’étendre dans le monde entier. Pour un Mouvement qui se veut catholique, aucun peuple de la terre n’est étranger. Et pour un Mouvement qui veut agir sur le plan culturel, toutes les cultures ont une égale valeur. Et cela non certes pas d’une manière abstraite et encore mains sous la forme réductrice de l’hégémonie d’une seule culture. Mais au contraire, en s’enracinant dans la réalité concrète de chaque langue et de chaque culture, ce que le MIIC peut faire au moyen des groupements nationaux et locaux, très diversifiés, qui le constituent.

Sur le plan théorique, dès sa troisième assemblée plénière, en 1949 à Luxembourg, L’universalisme chrétien a été pour le MIIC un véritable cheval de bataille. Sur le plan pratique, l’universalité est une source d’enrichissement, de renouvellement intérieur. Le développement mondial exige une adaptation constante des méthodes de travail: l’Amérique latine ou l’Afrique ont des besoins pastoraux que les Européens n’ont jamais connus, Mais, dans tes premières années du MIIC, notre prise de position “mondialiste” était une claire réponse à ceux qui –  déjà ! —  éprouvaient comme une réticence  à l’égard des hommes de couleur et de la  montée  de ce qui ne s’appelait pas encore le Tiers-monde et couvraient leurs craintes avec une exaltation mythique de l’Europe “chrétienne”. ·

De même sur le terrain qui nous appartient en propre. celui de ta culture. En avril 1956, nous avons eu à Beyrouth — oui, hélas, dans ce Liban alors en apparence un “havre de liberté”, où chrétiens et musulmans de toutes tendances faisaient collaborer la culture humaniste et la civilisation technique, pensait le patriarche maronite, Mgr. Paul Meouchi (10) – une remarquable session d’études sous le titre La Culture et le cultures. Cultures de l’Europe et de l’Asie, cultures d’inspiration religieuse- chrétienne, musulmane, hindoue -, culture athée du monde moderne, cultures traditionnelles face à la technique actuelle, avec leurs chocs et leur interpénétration, ont fait l’objet d’une discussion serrée et éminemment respectueuse.

Est-ce cette rencontre qui a attiré l’attention de l’UNESCO? Le fait est que le Directeur général de l’UNESCO, à l’époque Mr. Luther Evans, est venu personnellement au Congrès mondial de Pax Romana à Vienne, en 1958, pour demander aux catholiques —  in spite of my name — comme il l’a dit plaisamment — d’aider l’UNESCO à réaliser une partie primordiale de son projet majeur Orient-Occident. II est, en effet, impossible de parler des relations culturelles entre l’Orient et l’Occident sans prendre en considération  l’élément  religieux. Or, l’UNESCO, dans sa propre constitution ne peut guère s’occuper de questions religieuses, Ainsi le MIIC fut chargé par l’UNESCO d’organiser à Manille, en janvier 196 , une rencontre entre croyants de l’hindouisme, du bouddhisme, du shintoïsme, de l’islam, du Judaïsme et des trois confessions chrétiennes, catholiques, protestante et orthodoxe, pour étudier ensemble l’influence des grandes religions sur la vie actuelle des peuples, en Orient et en Occident (II).

Ce fut sans doute l’apport le plus spectaculaire du MIIC à la vie internationale organisée. Quoique le MIIC avait été présent aux institutions internationales officielles, presque depuis sa constitution. Pax Romana reçut le statut consultatif des Nations-Unies en 1948 déjà – et auprès de l’UNESCO la même année.

Alors les Nations-Unies préparaient la Déclaration universelle des droits de l’homme et le MIIC consacra à ce projet sa deuxième assemblée plénière, à St. Edmunds College, près de Londres, en ce même 1948. Par la suite, les activités de l’ONU en faveur de ce rempart fondamental du respect dû à la personne humaine ont été jusqu’à présent un terrain de choix pour nos interventions dans l’ONU.

Je ne pense pas que ce fut par hasard que Pie XII a choisi Pax Romana pour adresser à tous les chrétiens un appel vibrant à prendre une part  active à la vie internationale. Dans son discours au MIIC, qui célébrait son dixiѐme anniversaire à Rome, en 1957, il a affirmé avec force:

Un chrétien ne peut donc rester indifférent devant l’évolution du monde: s’il voit s’ébaucher, sous la pression des évènements, une communauté internationale de plus en plus étroite, il sait que cette unification, voulue par le Créateur, doit aboutir à l’union des esprits et des coeurs dans une même foi et un même amour. Non seulement il peut, mais il doit travailler à l’avènement de cette communauté encore en formation, car l’exemple et l’ordre du divin Maître constituent pour lui une lumière et une force incomparables. (12)

Réponse claire à ceux qui craignent toujours de se salir en collaborant avec les non-catholiques, annonciatrice des pages définitives du Concile dans Gaudium et spes. S’il n’y avait pas d’autres raisons pour constituer notre Mouvement (“si Pax Romana n’existait pas, les intellectuels catholiques du monde entier devraient s’empresser de la créer” — répondit l’éminent  scientifique Sir Hugh Taylor, président du MIIC, à la question de Pie XII (13), cette chance de rendre présentes les valeurs humaines et chrétiennes dans la communauté des peuples aurait suffi à le justifier.

Au sein de l’Eglise, Pax Romana a travaillé sans relâche à favoriser la coopération  des organisations internationales catholiques. En 1948, nous avons assumé la responsabilité de la “Conférence des Présidents” et, lors d’une session décisive qui a eu lieu à Fribourg, la Conférence s’est “institutionnalisée· , sous des formes  nouvelles et a pris le nom de Conférence des OIC. Par la suite, j’ai assuré moi-même la présidence de la Conférence, au nom de Pax Romana, de 1961 à 1965. Dans l’Église encore, nos deux Mouvements ont prêté une collaboration enthousiaste aux trois grands Congrès mondiaux de l’Apostolat des laïcs, célébrés à Rome en 1951, 1957 et 1967 et dus à l’intarissable créativité de Vittorino Veronese, président de l’Action Catholique italienne et vice-président du MIIC en ses premières années. Quoi d’étonnant dès alors à ce que la pape Paul VI, quand il a cherché les laïcs représentatifs pour les faire entrer comme auditeurs laïques au Concile Vatican II, ait largement fait appel à des responsables, présents ou anciens, de nos deux Mouvements?

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Chemin  faisant, j’ai signalé l’un ou l’autre des changements d’optique qui ont fait du MIIC ce qu’il est aujourd’hui. Le grand tournant peut être aisément daté: 1968-1970. Le Concile Vatican II a été pour nous un événement exaltant, la réalisation de tous les espoirs et L’accomplissement des voeux que nous avions formulés dans nos coeurs de laïcs chrétiens depuis la fin de la guerre et pour lesquels nous avons si passionnément oeuvré. Encore le lendemain du Concile, Pax Romana — les deux Mouvements ensemble — a tenu son  XXVIe Congrès  mondial à Lyon, pour préparer son  avenir  dans  l’Église  post — conciliaire. Mais ce fut le dernier de la série commencée en 1921, avec un rythme d’abord annuel, puis triennal. La révolte des étudiants de Paris en mai, 1968 a eu des conséquences très sérieuses pour toutes les formes traditionnelles d’organisation. Pour nous aussi. Les groupements de base de Pax Romana, les membres de sa structure fédérative — surtout ceux des étudiants — ont fléchi, qui plus qui moins. Mais l’idée fondamentale — la collaboration Internationale des catholiques dans le monde universitaire — subsistait. Et le besoin renouvelé des contacts par dessus les frontières n’a pas tardé à se faire sentir. Il fallait donc poursuivre. Mais ceux qui ont pris la responsabilité des deux Mouvements à partir de 1975 ont dû faire face à une situation catastrophique – en particulier du point de vue financier. Et je ne peux qu’exprimer ma profonde admiration pour ces hommes dévoués qui ont eu le courage de remonter la pente.

Aujourd’hui, les nouveaux venus au MIIC – des jeunes pays ou des groupements renouvelés dans les pays fondateurs — peuvent trouver un Mouvement “sensible aux défis que le monde actuel lancé aux chrétiens”. Ainsi l’affirme notre grand animateur des dernières années, l’abbé Bonaventure Pelegri (14) Et je voudrais résumer ici encor, brièvement, les traits caractéristiques de ce nouveau visage, rajeuni, d’une organisation désormais quadragénaire.

Le plus visible est sans doute le changement dans le style des réunions et leurs méthodes de travail. J’ai, dit que le “Congrès mondial” de Lyon, en 1966, a été le dernier de l’ancien modèle. Maintenant, les manifestations massives ne sont plus de mise dans Pax Romana. A la désaffection que beaucoup ressentent pour les parades spectaculaires et triomphalistes, s’ajoute une raison pratique: pour une organisation effectivement mondiale, il est financièrement impossible de transporter d’un continent à un autre un nombre considérable de congressistes. II a fallu donc espacer les rencontres mondiales et réduire la participation à des délégués représentatifs de leurs groupements nationaux. De plus, la forme déductive des rencontres, avec des conférences de maîtres reconnus suivies de discussions, a cédé le pas à la méthode inductive. Les assemblées sont préparées de longue date, avec des documents de travail qui permettent aux groupements  locaux d’envoyer d’avance leurs  analyses des faits et leurs souhaits. Ainsi on échange des expériences vécues et on en propose d’autres.

Universel en puissance dès son origine, le MIIC ne s’est pas étendu coup au monde entier. Au commencement c’était l’Europe, suivis par l’Amérique latine; puis est venue l’Asie, avec son christianisme jeune au milieu de très vieilles cultures d’inspiration religieuse; enfin l’Afrique, lors du réveil des jeunes nations, postérieur aux années 1960. Cela a amené au sein du MIIC les différentes culture et – surtout — les différentes manières de vivre l’Église. Les échanges, dont je viens de parler, sont plus faciles au niveau continental ou même régional. C’est ainsi que le poids du travail international tend à se déplacer des rencontres mondiales à celles par régions géographiques déterminées. Et que, lors des assemblées générales, le pluralisme de fait et la rencontre des mentalités peuvent provoquer des chocs et des incompréhensions, comme nous les avons vécues à Philadelphia en 1968, à Mexico en 1979 ou à Londres en 1983. Conflits douloureux, qui entraînent parfois des réelles souffrances pour des personnes. Mais qui nous font sentir, avec une expérience presque physique, que l’unité de l’Eglise ne dépend ni de nos options pastorales ni encore moins de nos choix culturels, mais de la Personne divine du Christ. Et se réalise dans son Eucharistie.

Pour quelqu’un qui, comme moi, a eu le privilège d’assister à toutes les assemblées plénières du MIIC depuis sa fondation, j’avoue que les dernières m’ont réservé l’une ou l’autre surprise. En particulier le fait que je ne connaisse même pas un dixième des visages présents. J’y trouve un motif de joie, puisque cela montre la croissance et le renouveau du Mouvement. Mais si l’on pense que la grande majorité des participants représentent des pays extra-européens et si l’on constate que, des vieux pays d’Europe, quelques uns n’ont envoyé qu’un seul délégué, faut-il s’étonner que plus d’un des anciens parmi les “anciens” en ait été décontenancé?

J’ai déjà fait allusion au changement du contenu intellectuel de nos débats. Au lieu de de “présence catholique dans le monde de la pensée”, ce qui préoccupe le plus aujourd’hui les groupements de base est un effort d’évangélisation. Les “options pastorales” prennent le pas sur les affirmations intellectuelles. La réflexion théologique porte davantage sur “l’engagement temporal”, c’est-à-dire sur la possibilité pour les chrétiens d’une action socio-politique non-confessionnelle, respectueuse de ce que le Conseil a appelé l’autonomie relative des choses de ce monde et des exigences corrélatives de la morale évangélique. Et la réflexion est estimée vide de sens si elle ne débouche pas dans une action concrète, signe efficace du Christ libérateur. II ne s’agit pas seulement d’un langage nouveau. C’est toute une attitude de chrétiens engagés que se situe dans la ligne de la constitution conciliaire Gaudium et spes, de chrétiens qui entendent agir à l’intérieur même des structures profanes. Et pour Pax Romana, la suite et l’aboutissement de ses longues réflexions, des décennies durant, sur la responsabilité moral, sociale, puis politique des intellectuels et de l’université.

Un point de nos programmes primitifs reste néanmoins toujours valable, et les membres actuels du MIIC auraient bien tort de l’oublier. C’est la formation rel1g1euse, individuelle et communautaire dans nos groupements.

 Pour aller au devant des grands problèmes du monde et leur trouver des solutions “à la lumiѐre des principes chrétiens”, il est indispensable que la doctrine de l’Eglise soit connue et que les consciences soient formées ,  En d’autres  termes, il faut que les intellectuels soient à la  fois parfaitement compétents dans leur spécialité respective et profondément imbus de christianisme dans  leur pensée et dans leur action, La condition en sera un équilibre chez-eux entre vie spirituelle et culture religieuse d’une part et vie intellectuelle et culture profane d’autre part. C’est tout un programme que le pape  Pie XII traçait dans son message  au  XXIVe congrès mondial de Pax Romana à Vienne, en 1958, repris textuellement  par Jean XXIII dans son message à la réunion de Manille  en 1959: Que votre culture religieuse soit proportionnée à vos connaissances profanes; que votre charité soit toujours disponible aux besoins de vos frères. II n’a rien perdu de sa valeur: aujourd’hui comme toujours le dialogue avec le monde exige que l’homme croyant et l’homme culte soient au même niveau. Mieux, il ne suffit pas d’une juxtaposition de la foi et de la culture. Cela serait du fidéisme. Mais il faut que la foi soit nourrie intellectuellement pour qu’elle puisse soutenir la confrontation avec la culture.

Or, ce travail de formation exige le contact personnel, la rencontre d’homme à homme. Et, en fait, le MIIC ne rassemble pas, au premier degré, des personnes, mais des groupements. L’essentiel donc de l’action évangélisatrice doit s’accomplir au sein des fédérations nationales ou mieux encore dans les groupes locaux, là où les personnes se retrouvent pour un effort suivi, de formation spirituelle, morale, professionnelle, de discussion sur les problèmes intellectuelles et de témoignage collectif. Une certaine dose de sociologie, de philosophie et de théologie font partie de cette formation intégrale de l’universitaire chrétien, dont les groupements affiliés au MIIC portent la responsabilité. Dans ce sens on peut dire que Pax Romana ne vit que par les éléments qui l’intègrent; sa force et sa vitalité dépendent de la vitalité des groupements affiliés. Sans elle, le Mouvement international ne serait qu’une bureaucratie creuse. Je vois un  grand signe d’espoir dans le fait que les groupements surgis – ou renouvelés – dans les années soixante-dix ont tous une inspiration pastorale d’évangélisation, visant à une pédagogie de la foi et à un engagement moral pour la transformation du monde.

En contrepartie, le MIIC offre à ces groupements si divers un lieu de rencontre, d’échanges et par conséquent d’enrichissement mutuel. Ni les hommes individuels, ni leurs États, ni les fidèles chrétiens ni leurs groupements ne peuvent être de nos jours autosuffisants. Chacun dépend de tous et du monde entier simplement pour subsister. Et Dieu lui-même n’a pas voulu sauver les hommes individuellement, mais en communion dans une Église catholique, c’est-à-dire universelle (Lumen gentium, 9). Ce serait une folie que de s’enfermer dans les étroites limites d’un regard nationaliste, surtout dans l’ordre spirituel.

Mais d’être un lieu de rencontre comporte, aujourd’hui plus que jamais, d’accepter la confrontation dans le pluralisme. Au pluralisme d’idées et de formes de vie découlant de son universalité, dont j’ai parlé, s’ajoute dans le MIIC un pluralisme d’âges, de vocations, de choix apostoliques et d’options temporelles.

Or, le but dernier d’un Mouvement tel que le nôtre est de rendre visible l’Eglise unique du Christ, dans la diversité de ses membres. Ces membres – le Concile nous l’a assez rappelé (Gaudium et spes, 75) – sont libres de choisir entre différentes manières légitimes de concevoir l’organisation des chose terrestres. Mais ils doivent savoir que, s’il n’y a pas une seule “politique chrétienne”, il existe des “exigences chrétiennes en politique” (15), auxquelles ils ne sauraient se refuser. Et le MIIC doit être le lieu temporel où ils puissent se retrouver en tant que chrétiens pour rendre témoignage de leur amour au Christ, dans l’unité de l’Eglise.

Et il en va de même, sur le plan intra- ecclésial, pour les fidèles qui ont opté pour des méthodes pastorales différentes. L’option préférentielle pour les pauvres que l’Eglise — avec le pape Jean-Paul II — a fait aujourd’hui ne signifie point une exclusion de quiconque. Nous ne pouvons et nous ne devons pas refuser le salut à personne. Aucun homme ni aucun groupe ne possède l’exclusivité en matière d’apostolat. Ce que cela signifie est que nous devons tous lutter contre l’oppression – celle de noire propre égoïsme et celle de l’égoïsme des autres (16). Et que personne n’a le droit de s’estimer lui-même meilleur que son prochain…

Voilà ce que pense du MIIC aujourd’hui quelqu’un qui a été intimement lié au Mouvement lors de sa fondation et qui n’a cessé depuis d’en suivre les travaux, au jour le jour. J’aimerais pouvoir partager — ou contraster, au besoin, — mes vues avec ceux qui portent la responsabilité du Mouvement, ou qui l’ont portée le long des années. Et j’espère que ce sera un des bienfaits de nos journées commémoratives du 40e anniversaire, à Rome.

Mon regret est l’absence d’un si grand nombre d’amis qui ont oeuvré tant et plus que moi pour faire vivre le MIIC et qui sont partis à jamais du monde des vivants. Leurs avis continuent à être précieux aux dirigeants actuels, j’en suis sûr. Et je ne peux pas terminer ces lignes de réflexion sans une pensée affectueuse pour eux taus. Je n’évoquerai que quelques noms, parmi tant d’autres: ceux d’Hubert Aepli, qui a présidé la commission provisoire chargée d’organiser le Mouvement; de Roger Millot, qui en fut le premier président; de Vittorino Veronese, ce champion de la montée du laïcat, dont j’ai parlé; de Sir Hugh Taylor, du Prof. Willem Pompe et de Claude Piccard, anciens présidents; de Frank Aylward et du bon Père Edward Stamford, OSA. qui nous apporté le coopération de la Grande Bretagne l’un et des Etats-Unis l’autre. Et comment oublierai-je les hommes qui, avant nous, ont fait Pax Romana? La plupart sont morts, comma l’abbé Joseph Gremaud ou Hugh O’Neill, parmi les plus proches; d’autres vivent encore — et que ce soit pour de longues années! — comme Max Gressly ou Rudi Salat, Edward Kirchner, Joaquin Ruiz-Giménez ou Bernard Ducret…

Plus que tout autre chose, Pax Romana est une amitié — et une amitié profonde, dans le Christ notre Maître. Tous ceux qui l’ont vécue peuvent en témoigner.

  1. Yves M.-J.CONGAR: Jalons pour une théologie du laïcat, Paris: le Cert 1952, 594 p.
  2. Actes du ler Congrès mondial pour l’apostolat des laïques. Rome: COPECIAL 1952, vol. 1-2.
  3. Cfr. Luis MARTINEZ SISTACH: El derecho de asociación en la Iglesia, Barcelona: Fae. de Teologia 1973, 319 p.
  4. Etienne GILSON: Les intellectuels dans la chrétienté, Pax Romana-MIIC 1948, p. 175. 
  5. Cité par mois dans l’introduction au volume Les intellectuels dans la chrétienté, cit.,p. 14. 
  6. Ibid., p. 15.
  7. La coopération de l’intellectuel à l’oeuvre de la rédemption, XXIe Congrès mondial de Pax Romana, Amsterdam 1950, vol.I, p. 12.
  8. Cfr. Ethique, science et foi chrétienne, sous la direction de Conrad van der BRUGGEN, Jean LADRIERE et Lucien MORREN, Louvain la Neuve 1985, 410 p.
  9. Buenaventura PELEGRÍ commence son livre intelectuales cristianos en el mundo de hoy (Pax Romana-MIIC, Genève 1986) avec un large exposé sur Le monde ou nous vivons… vu avec les yeux de la foi…défi a l’Église eJ aux intellectuels chrétiens, pp. 3-184
  10.  (Bis) Human Problems of Economic Development, Bombay: The Newman Association of India (1985).
  11.  La culture et les cultures, Pax Romana-MIIC, Beyrouth 1956, p. 15.
  12.  Les grands religions face au monde d’aujourd’ hui, Paris: Fayard 1961, (Recherches et débats du Centre Catholique des intellectuels Français, n 37).
  13.  Pensée chrétienne et communauté mondiale, Paris: Fayard 1958, (Recherches et débats du Centre Cath. des intellectuels Français, n° 23), p. 10.
  14.  Journal de Pax Romana, juillet 1953, p.1.
  15.  B. PELEGRI, intelectuales cristianos en et mundo de hoy, cit., p. 200.
  16.  Tel est le titre d’un ouvrage fondamental du Cardinal Charles JOURNET,   Exigences chrétiennes en politique, Paris: Egloff 1945, 590 p.
  17.  Cfr, B: PELEGRI, op. cit.,p. 176.

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