Tout en encourageant l’initiative de la rencontre, le Pape a développé quelques idées que nous reprenons dans les lignes ci-dessous.

– 1 La politique doit être conçue comme une forme élevée de charité ou plutôt comme un service inestimable de dévouement pour l’accomplissement du bien commun de la société. La Politique n’est donc pas au service d’ambitions individuelles, de prééminence de factions et de centres d’intérêts. Il ne faut pas opposer le service et le pouvoir, mais le pouvoir doit être subordonné au service pour ne pas dégénérer.

– 2 Le bien commun est l’ensemble des conditions sociales qui leur permettent tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée (Gaudium et spes, § 26)

– 3 Nous sentons tous la nécessité de réhabiliter la dignité de la politique à cause du discrédit populaire dans lequel toutes les instances politiques sont tombées. (la crise des partis politiques, l’absence de débat politique de valeur concernant des projets et des stratégies à un niveau national et régional, Le dialogue ouvert et respectueux qui recherche les convergences possibles, est souvent remplacé par des rafales d’accusations réciproques et de retombées démagogiques). Il manque aussi la formation et le renouvellement des générations politiques.

– 4 Nous avons besoin des dirigeants politiques qui :

  • Vivent avec passion leur service aux populations ;
  • Vibrent avec les fibres intimes de leurs ethos ( ) et de leur culture, solidaire avec leurs souffrances et leurs espérances;
  • Mettent en avant le bien commun par rapport à leurs intérêts privés ;
  • Ne se laissent pas intimider par les grands pouvoirs financiers et médiatiques
  • Soient compétents face aux problèmes complexes ;
  • Soient ouverts pour écouter et apprendre dans le dialogue démocratique ;
  • Conjuguent la recherche de la justice avec la miséricorde et la réconciliation ;
  • Mobilisent des vastes espaces populaires en enseignant de grands objectifs nationaux et régionaux.

– 5 Nous devons affronter les problèmes et les défis ci-après:

  • La sauvegarde du don de la vie dans toutes ses phases et manifestations ;
  • Une croissance industrielle, technologique, soutenue de manière autonome et réaliste ;
  • Le drame de la pauvreté, de l’équité et de l’inclusion sociale;
  • L’éducation intégrale, qui commence avec la famille et se développe dans une scolarisation pour tous et de qualité;

– 6 Nous dévons nous mettre en marche vers des démocraties matures, participatives, sans les plaies de la corruption ou de la colonisation idéologique ou encore les prétextes autocratiques et les démagogies bon marché. Prenons soin de notre maison commune et de ses habitants les plus vulnérables, en évitant tout type d’indifférence suicidaire et d’exploitation sauvage. Remettons en premier et concrètement l’exigence d’une intégration économique, sociale, culturelle et politique, des peuples frères pour construire peu à peu notre continent de paix, de justice, qui sera encore plus humain.

– 7 Nous ne pouvons pas nous résigner à la situation détériorée dans laquelle souvent nous nous débattons aujourd’hui. Les catholiques doivent s’engager en politique. Il est nécessaire que les laïcs catholiques ne restent pas indifférents à la chose publique ou repliés dans leur temple, et qu’ils n’attendent pas non plus les directives et les consignes ecclésiales pour lutter en faveur de la justice, et de forme de vie plus humaine pour tous.

– 8 Les catholiques apparaissent plutôt inexistants dans le scénario politique, ou carrément assimilés à une logique mondaine. Les catholiques en politique doivent mettre en place des courants forts qui ouvrent la route de l’Evangile dans la vie politique des nations.

– 9 Le nombre des catholiques exemplaires en politique doit s’accroître, mais réduire le nombre des catholiques qui font preuve de peu de cohérence avec les convictions éthiques et religieuses du magistère catholique, qui sont tellement absorbés par leurs engagements politiques qu’ils finissent par reléguer leur foi au second plan, mais aussi réduire le nombre de ceux qui ne se sentent pas reconnus, encouragés, accompagnés et soutenus dans la protection et dans le développement de leur foi, par les Pasteurs et par les communautés chrétiennes.

– 10 La contribution chrétienne à l’action politique se manifeste seulement à travers les déclarations des Episcopats, sans que se manifeste la mission particulière des laïcs catholiques d’organiser, de gérer et de transformer la société selon les critères évangéliques et le patrimoine de la Doctrine Sociale de l’Eglise.

– 11 L’Accompagnement pastoral des laïcs catholiques en Politique signifie pour les pasteurs

  • Chercher le moyen de pouvoir encourager, accompagner, stimuler toutes les tentatives et les efforts qui se font aujourd’hui afin de maintenir vivante l’espérance et la foi dans un monde plein de contradictions, spécialement pour les plus pauvres, spécialement avec les plus pauvres.
  • S’imprégner au milieu de notre peuple et, avec notre peuple, soutenir sa foi et son espérance.
  • Réfléchir sur la façon d’accompagner un baptisé dans sa vie publique et quotidienne ; sur sa façon de s’engager comme chrétien dans la vie publique, dans son activité quotidienne et avec ses responsabilités.
  • Stimuler et promouvoir la charité et la fraternité, le désir du bien, de la vérité et de la justice.
  • Ecouter avec beaucoup d’attention l’expérience, les réflexions et les préoccupations que peuvent partager avec nous les laïcs qui vivent leur foi dans les différents milieux de la vie sociale et politique.
  • Faire en sorte que la corruption ne s’installe pas dans nos coeurs.
  • Ne pas tomber dans la tentation de penser que le laïc engagé est seulement celui qui travaille dans les oeuvres de l’Eglise et/ou dans les choses de la paroisse ou du diocèse.

– 12 Nous devons reconnaître que le laïc par sa réalité, par son identité, parce qu’il est immergé dans le coeur de la vie sociale, publique et politique, parce qu’il prend part aux actions culturelles qui se créent constamment, a besoin de nouvelles formes d’organisations et de célébrations de la foi ».