On trouvera ici un résumé de l’encyclique Laudato si en trois pages. Et un commentaire de ses traits saillants en deux pages. Pour ceux qui ne l’ont pas encore lue. L’encyclique est impressionnante par la synthèse qu’elle opère entre des acquis de la pensée sociale de l’Eglise à ce jour. Ce n’est pas un encyclique sur le changement climatique, c’est une encyclique qui demande de changer notre modèle de développement. De changer de paradigme. Une révolution écologique.

L’Encyclique tire son titre du poème de saint François d’Assise, « Loué sois-tu, mon Seigneur » qui, dans le Cantique des Créatures, rappelle que la terre est aussi comme une sœur et une mère.

Le cri de la nature maltraitée et le cri des pauvres abandonnés montent jusqu’à Dieu. Avec le Patriarche Bartholomée, le pape François qualifie les atteintes à l’environnement de péchés. La réponse appropriée à cette prise de conscience est une conversion écologique globale (& 5). Sont inséparables la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure.

Le parcours de l’Encyclique Laudato si’ est construit autour du concept d’écologie intégrale, comme un paradigme capable d’articuler les relations fondamentales de la personne : avec Dieu, avec lui-même, avec d’autres êtres humains et avec la création. Le plan de l’encyclique reflète la méthode voir-juger-agir, avec une partie additionnelle sur l’éducation, la spiritualité et la célébration.

L’encyclique commence (chap. I) par un panorama des résultats scientifiques disponibles aujourd’hui sur les questions environnementales, pour ensuite « en faire voir la profondeur et de donner une base concrète au parcours éthique et spirituel qui suit » (15) : la science est l’instrument privilégié à travers lequel nous pouvons écouter le cri de la terre.

Le chapitre II est la reprise de la richesse de la tradition judéo-chrétienne, en puisant dans les textes bibliques, puis dans l’élaboration théologique de la tradition chrétienne. L’analyse se dirige ensuite (chap. III), « aux racines de la situation actuelle, pour que nous ne considérions pas seulement les symptômes, mais aussi les causes les plus profondes » (15).

Le but est d’élaborer un nouveau paradigme : celui d’une écologie intégrale (chap. IV).

Le chapitre V présente une série d’orientations et d’actions pour un renouvellement de la politique internationale, nationale et locale, des processus de décision dans le secteur public et des entreprises, du rapport entre politique et économie, entre religions et sciences, tout cela dans un dialogue transparent et honnête, qui donne la parole à toutes les parties prenantes.

A partir de la conviction que « tout changement a besoin de motivations et d’un chemin éducatif », le chap. VI propose des pistes pour une éducation et une spiritualité conformes à ce nouveau paradigme d’une écologie intégrale.

De nombreux thèmes sont traités au fil du texte : « l’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète ; la conviction que tout est lié dans le monde ; la critique du nouveau paradigme et des formes de pouvoir qui dérivent de la technologie ; l’invitation à chercher d’autres façons de comprendre l’économie et le progrès ; la valeur propre de chaque créature ; le sens humain de l’écologie ; la nécessité de débats sincères et honnêtes ; la grave responsabilité de la politique internationale et locale ; la culture du déchet et la proposition d’un nouveau style de vie » (16).

Le dialogue que le Pape François propose comme une façon d’aborder et de résoudre les problèmes environnementaux est pratiqué dans le texte même de l’Encyclique, et se réfère à la contribution des philosophes et des théologiens catholiques, mais aussi orthodoxes (tel que le Patriarche Bartholomée) et protestants (le français Paul Ricoeur), en plus du mystique islamique Ali Al-Khawwas.

I. CE QUI SE PASSE DANS NOTRE MAISON

Ce chapitre inclut les dernières découvertes scientifiques sur l’environnement comme une façon d’écouter le cri de la création, « reconnaître la contribution que chacun peut apporter » (19). Les questions abordées sont les suivantes : la pollution, le changement climatique, l’eau, la perte de la biodiversité, la détérioration sociale, les inégalités planétaires, la faiblesse des réactions devant ces drames !

II. L’EVANGILE DE LA CREATION (& 62)

La complexité de la crise écologique nécessite un dialogue multiculturel et pluridisciplinaire qui inclut la spiritualité et la religion. La foi offre « de grandes motivations pour la protection de la nature et des frères et sœurs les plus fragiles » (64) ; les obligations envers la nature font partie de la foi chrétienne.

III. LA RACINE HUMAINE DE LA CRISE ECOLOGIQUE

Ce chapitre présente une analyse de la situation actuelle, « pour que nous ne considérions pas seulement les symptômes, mais aussi les causes les plus profondes » (15), en dialoguant avec la philosophie et les sciences humaines.

IV. UNE ECOLOGIE INTEGRALE

Le cœur de la proposition de l’encyclique est l’écologie intégrale comme un nouveau paradigme de la justice, une écologie « qui incorpore la place spécifique de l’être humain dans ce monde et ses relations avec la réalité qui l’entoure » (& 15). En effet, nous ne pouvons « concevoir la nature comme séparée de nous ou comme un simple cadre de notre vie » (& 139). Cela est vrai dans différents domaines : en économie et en politique, dans différentes cultures, en particulier les plus menacées, et même dans chaque instant de notre vie quotidienne.

Il existe un lien inséparable entre les questions environnementales et les questions sociales et humaines. Par conséquent, il est « fondamental de chercher des solutions intégrales qui prennent en compte les interactions des systèmes naturels entre eux et avec les systèmes sociaux. Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale » (& 139).

V. QUELQUES LIGNES D’ORIENTATION ET D’ACTION

Ce chapitre aborde la question de ce que nous pouvons et devons faire. Les analyses seules ne suffisent pas : il faut des propositions « d’action qui concernent aussi bien chacun de nous que la politique internationale » (& 15) et « à même de nous aider à sortir de la spirale d’autodestruction dans laquelle nous nous enfonçons » (& 163). Il est essentiel que la construction des pistes concrètes ne soit pas abordée de manière idéologique ou réductionniste. C’est ainsi que le dialogue est indispensable. Ce mot est présent dans le titre de chaque section de ce chapitre.

VI. EDUCATION ET SPIRITUALITE ECOLOGIQUES

1. Miser sur un autre style de vie : malgré la culture du consumérisme, « tout n’est pas perdu, parce que les êtres humains … peuvent aussi se surmonter » (& 205). Le changement des modes de vie et des choix de consommation ouvre de grandes possibilités : « Quand nous sommes capables de dépasser l’individualisme, un autre style de vie peut réellement se développer et un changement important devient possible dans la société » (& 208).

2. Éducation pour l’alliance entre l’humanité et l’environnement

3. La conversion écologique : la foi et la spiritualité chrétiennes offrent de profondes motivations «pour alimenter la passion de la préservation du monde » (& 216), sachant que le changement climatique individuel n’est pas suffisant : « On répond aux problèmes sociaux par des réseaux communautaires » (219).

4. Joie et paix : « La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice » (& 223), tout comme « le bonheur requiert de savoir limiter certains besoins qui nous abrutissent, en nous rendant ainsi disponibles aux multiples possibilités qu’offre la vie » (& 223).

5. Amour civil et politique : « Une écologie intégrale est aussi faite de simples gestes quotidiens par lesquels nous rompons la logique de la violence, de l’exploitation, de l’égoïsme » (& 203), tout comme il existe une dimension civique et politique de l’amour : « L’amour de la société et l’engagement pour le bien commun sont une forme excellente de charité » (& 231). « Au sein de la société germe une variété innombrable d’associations qui interviennent en faveur du bien commun en préservant l’environnement naturel et urbain » (& 232).

Voir www.mission-universelle.catholique.fr