Si l´on entend par excellence éducative le fait d´atteindre hauts niveaux de connaissance et un large développement de compétences pour le 100% des étudiants, on pourra considérer que cette excellence constitue aujourd´hui un des facteurs incontournables pour le soutien futur de la cohésion sociale.

Les défis du développement technologique et les prévisions de transformation des conditions et de la nature même du travail vont exiger de plus en plus un niveau meilleur du développement des différentes compétences. On peut aussi prévoir que le développement technologique pourra permettre une participation citoyenne plus directe dans l´activité politique et, pourquoi pas, dans les décisions économiques des entreprises ainsi que le besoin d´envisager des nouveaux dilemmes éthiques face aux possibilités de contrôle de la vie.

Que l´évolution de toutes ces lignes de transformation contribue à atteindre un modèle de société plus humaniste et avec plus de cohésion ne vient pas de soi. Les lignes évolutives sont là pour le bon et pour le mauvais. En ce qui concerne l´éducation il faut accompagner nos jeunes étudiants à réfléchir d´ores et déjà à propos des dilemmes et problèmes suscités par les changements incipiants (débutants ?).

Evidemment, la future existence de postes de travail pour tout le monde passe nécessairement par les décisions actuelles de politique industrielle et d´emploi et, à mon avis, par la remise en question du modèle économique. Je partage l´opinion de ceux qui considèrent qu´il faut prendre au sérieux la remise en cause du modèle économique à partir des faillites que la crise est en train de mettre en évidence. Dans ce contexte je veux mettre au clair que je ne pense pas que la cohésion sociale dépende seulement de la réussite de l´excellence éducative. Il ne faut pas nous tromper. A mon avis le jeu le plus important se situe hors de l´éducation. Mais, malgré tout,  je reconnais le rôle de plus en plus important que l´éducation joue pour le bon débouchement de ce processus de changement permanent.

Dans ce cadre préalable je vous propose 5 ou 6 groupes de questions qui pourraient aider à animer quelques débats. Probablement elles ont déjà été toutes prises en compte  mais si par hasard vous les trouvez pertinentes et cela peut aider à enrichir le débat  je vous les propose.

1 – Pour quoi  l´éducation, aujourd´hui plus que jamais, est en train de devenir une variable de plus en plus importante pour le soutien de la cohésion sociale ? Comment voyons nous les relations entre développement technologique, futur du travail, hauts niveaux de connaissances et large développement de  compétences avec le futur de la cohésion sociale ?

2- Pour soutenir la cohésion sociale, est-il suffisant que l´éducation soit le garant pour atteindre hauts degrés de compétences ? Qu´est-ce qui se passe avec le modèle de société, le modèle économique et le développement des valeurs ? Pourquoi le  développement techno-économique que l´on commence déjà à envisager nous exige fortement que valeurs et compétences soient travaillées de façon étroitement attachée?

3 – Est- il raisonnable et faisable que l´école prétend atteindre le niveau de « défectueux  zéro » C´est à dire, succès académique 100% ? Pourquoi aujourd’hui et chez nous cet objectif est un impératif incontournable ? Quels changements cela exige au niveau des modèles pédagogiques, dans les itinéraires éducatifs, dans les conditions de scolarisation, dans les modèles  d´évaluation ? Comment réussir à ce qu´aucun étudiant ne perde confiance en soi même et dans ses aptitudes et son intérêt pour apprendre ? Des expériences d´excellence éducative en quartiers marginaux (problématiques) en Irlande.

4 – Est-ce acceptable aujourd’hui un enseignement technocratique ? La pédagogie n´est pas neutre. Pourquoi avons- nous besoin d´un enseignement humaniste ? Quels modèles didactiques pour quelles compétences ? Quels modèles pédagogiques pour quelles valeurs ? Quelles capacités de discernement, réflexion et débat pour quels dilemmes éthiques ?  L´importance croissante de la maîtrise des habiletés du savoir scientifique. La transcendance des projets (éducatifs et didactiques) engagés dans le contexte socioculturel de l´école. L´importance de la reconnaissance du contraste culturel et religieux à la recherche du sens, la construction de l´identité et la découverte de la dimension spirituelle.

5- Quels contenus pour quel type d´apprentissage ? Ni le spontanéisme individualiste ni le dirigisme uniformisateur : la construction de connaissance partagée, le travail en équipe, le libre choix de thèmes d´étude suivant les préférences et les aptitudes de chaque étudiant. La complexité des problèmes, les connaissances  multiperspectives, l´envisagement interdisciplinaire.

6 – Quel type de gestion pour les institutions éducatives ? Y a-t- il de relation entre modèles de gestion et modèles éducatifs ? Quels  sont  les avantages des communautés éducatives : du point de vue des élèves et du point de vue des professeurs ? Quelles alternatives pour le modèle de gestion : privatisation, chèque scolaire, décentralisation…. ? Quelles conditions pour garantir l´autonomie et la stabilité des équipes de professeurs ? Est-il socialement honnête et solidaire de continuer à maintenir le caractère fonctionnaire du contrat de travail assuré pour toute la vie ? Quels problèmes de bureaucratisation empêchent de progresser l´innovation et l´amélioration continuelle en éducation ?